Présentation

Après avoir fréquenté les Beaux Arts dans son île natale, Laurent vient en métropole où il suit les cours de l'Ecole d'Architecture de Volvic de 1994 à 1995, avant de retourner à la Réunion et de recevoir les encouragements de grands sculpteurs comme Alain Séraphine et Henri Maillot. A son retour en métropole, en 1997, il se perfectionne dans la taille de la pierre à Felletinpuis c'est en Auvergne, autre région volcanique qu'il s'installe et affirme sa vocation d'artiste.
Dans l'atelier de la rue des Chanelles où il travaille depuis 10 ans, de nombreuses personnes viennent le voir, certaines de découvrir une oeuvre puissante et un homme souriant, généreux et authentique.
Le travail de Laurent est à son image, un subtile mélange de force, de puissance, de légèreté, d'expansion, d'ouverture et de vitalité. Sans cesse, il veut évoluer, utiliser son important savoir faire pour laisser exploser sa créativité et transcender la matière.
A partir de matière lourde et pesante il crée des entremêlements, des tissages, des «amaillages», des pétrissages aériens et légers tout en maîtrisant la technique du travail en équilibre des forces physiques en présence. Quand Laurent commence un travail, il sait ce qu'il veut, il sait où il va; il voit sa pièce future, il se donne alors les moyens de la réaliser, quelles ques soient les difficultés techniques liées à l'utilisation des matériaux tels que pierres, bois, aciers.
Il se bat pour contraindre ces matières à se plier à son désir, pour amadouer les contraintes physiques; il tient alors un discours de guerrier, mais un guerrier de la création, de la vie.
Ses premières pièces, toujours des femmes, puis, « les Nymphéas » parlent de douceur de volupté et de maternité; obsession contemplative. Très vite il abandonne l'usage d'une seule matière pour se consacrer au mélange de la pierre, du bois et du fer, comme une expansion de sa pensée, une ouverture d'esprit de plus en plus large. Tirer la matière, donner de la légèreté, mettre la matière en action, sont les maîtres mots de Laurent; dans ses assemblages, on voit la matérialité physique mais la sensation est de légèreté, de sensualité et de vitalité.
« Ça craque, ça pousse, ça s'étire, ça gonfle » ; révélation de l'intérieur des états minéraux et organiques de ses pièces, tout comme se révèle l'intérieur de l'être. Il donne vie, joue avec les couleurs, les textures, les forces, les équilibres et met ainsi la matière en mouvement.
Etat volcanique, minéral et végétal de ses origines qui bouillonnent en lui, devient, entre ses mains une « éruption » de créativité.Parfois, on entend comme le bruissement de la solidification de la lave de son île, de la matière en figures légères et dentelées; parfois, le bruissement d'entités végétales ou organiques qui se balancent, se gonflent, s'entremêlent, éclatent et se répandent.
Toujours cette sensualité primitive qui ramène à l'humain et en particulier, à la femme avec ses rondeurs, ses pleins, son mystère, et sa protection.
De l'art de travailler la matière, Laurent le mime autant qu'il en parle; quand il évoque son travail, il malaxe, étire, sculpte la pierre, le bois, le fer dans tous les sens en joignant le geste à la parole; le sculpteur devient alors magicien.
L'ensemble de l'oeuvre propose une réflexion sur la dualité, la différence et l'acceptation de l'autre, thèmes qui lui sont chers.
Vitale, la sculpture est le reflet de son ambition d'aller toujours plus loin dans la quête de soi, le mélange des différences, l'ouverture d'esprit et le partage.
Les rondeurs abondent, les volumes s'expensent, la douceur apporte un certain regard sur la vie, l'envol de l'expression, l'explosion de légèreté et de liberté en un subtil équilibre entre matérialité physique et spiritualité de l'être.
Texte de Josette Virette
Janvier 2011